Au moment où une délégation de la Banque mondiale vient d’effectuer une visite au Burundi, PARCEM voudrait donner son analyse étant donné qu’elle a eu l’opportunité d’échanger avec cette délégation.
Enjeux de la visite
Comme on l’a entendu, il s’agit d’une visite qui vient de s’effectuer après 37 ans car la récente s’est faite en 1987. Donc il s’agit d’une visite cruciale dans la vie de la coopération internationale avec le Burundi. Cette visite coïncide aussi avec le renouvellement du Cadre « Partenariat-Pays » (CPP) sur 5 années, c’est-à-dire de 2024 à 2029.
Point de vue de PARCEM
La visite a été alors une bonne occasion d’être au courant des orientations de la Banque Mondiale quant à sa coopération future avec le Burundi durant les 5 années. Ça a été aussi une aubaine comme elle s’est effectuée alors que le Burundi vient de valider un document de son orientation économique, c’est-à-dire sa vision qui trace une trajectoire vers l’émergence en 2040 et le développement en 2060. Cela étant ainsi alors que le Burundi et la Banque Mondiale ont souscrit tous à la déclaration de Paris pour l’efficacité de l’aide publique au développement et le plan d’actions d’Accra régi par certains principes comme l’appropriation, l’alignement et la gestion axée sur les résultats.
Au niveau de l’appropriation, on impose que les pays bénéficiaires à l’aide publique au développement conçoivent eux-mêmes les politiques de développement et les assument et puis les partenaires donateurs s’alignent à ces politiques. C’est-à-dire que le Burundi a déjà fait son travail et la Banque Mondiale accepte de s’aligner à cette politique de vision 2040/2060, le reste est de voir comment faire une gestion axée sur les résultats pour que cet appui de la Banque Mondiale puisse arriver à changer le quotidien du Burundais.
De ce fait, la Banque mondiale accepte de disponibiliser des fonds y compris même des appuis directs qui visent à renflouer les caisses de l’état des devises et surtout à ce moment où on vit de la pénurie des devises.
Les leçons à tirer devraient aussi servir parceque pour qu’il y ait la gestion axée sur les résultats il faut partir d’une analyse des résultats du passé. En fait, la Banque Mondiale a ses principes d’évaluation des institutions et cote la capacité d’un pays dans la gestion des fonds lui accordés dans le cadre du CPIA (Country Policy Institutional Assesment). Cet’ évaluation se fait notamment sur base de l’efficacité des institutions « niveau de gouvernance ».
Ainsi donc, dans ce sens le Gouvernement devrait multiplier ses efforts pour s’améliorer au niveau de l’efficacité des institutions, au niveau de la lutte contre la corruption, au niveau du renforcement de la bonne gouvernance dans l’administration, au niveau du leadership à tous les échelons de l’administration, au niveau des compétences requises à tous les services publics, au niveau de l’expertise nécessaire dans la gestion des réformes, au niveau de la coordination et de la gestion des projets, au niveau de la participation citoyenne pour que le contrôle de l’action publique soit une réalité à travers l’action dynamique de la société civile.
Appel à la Banque Mondiale
La Banque Mondiale devrait contribuer à l’assainissement de l’environnement macro-économique et celui des affaires pour promouvoir le rôle du secteur privé. Actuellement, l’environnement macro-économique est caractérisé par des situations inquiétantes au niveau du taux d’inflation, de l’équilibre externe, de la pénurie des devises, de la politique fiscale, … qui nécessairement ont des impacts négatifs au niveau de la relance économique.
Engagement de l’Etat
Parmi les piliers de la vision 2040/2060 se trouve un pilier très important c’est-à-dire L’ENGAGEMENT DE L’ETAT où le Gouvernement s’engage aux bonnes principes de la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption. Même au sein du PND adapté à la vision, il y a des piliers comme la gouvernance et la coopération au développement qui sont là pour inciter l’engagement de l’Etat à assoir cette dynamique de renforcement des capacités institutionnelles au service du développement socio-économique.
Position de PARCEM
PARCEM encourage le Gouvernement du Burundi et la Banque Mondiale de maintenir un dialogue pour que la gestion axée sur les résultats crée vraiment un changement visible dans notre pays et que le Burundi puisse après quelques années arriver à bénéficier comme certains autres pays des fonds substantiels au lieu de continuer à être toujours éligible à des petits guichets des dons. Ces fonds substantiels lui permettraient de réaliser des grands travaux publics comme les infrastructures dont il a autant besoin pour lui servir comme base de son développement.
Au moment où l’Assemblée Nationale vient d’adopter le projet de loi portant fixation du budget général pour l’exercice 2024-2025, PARCEM voudrait s’exprimer sur ses préoccupations par rapport à ce projet de loi des Finances. Exercice 2024-2025.
Les Préoccupations de PARCEM
PARCEM émet des préoccupations qui se fondent sur certains éléments comme l’augmentation des recettes totales de 569 milliards de BIF et le fonctionnement qui accapare 520 milliards de BIF. C’est-à-dire que plus de 90% des ressources en augmentation vont être affectées dans le fonctionnement. Cela veut dire que l’investissement sera relégué au second plan.
L’investissement sur les ressources nationales n’augmentera que de 30 milliards de BIF, un montant très dérisoire. Le déficit hors dons est à 1760 milliards de BIF, ce qui est un montant exorbitant. C’est-à-dire que le Gouvernement prétend mobiliser des financements auprès des bailleurs et des emprunts sur le marché intérieur.
Actuellement, on voit qu’il n’y a pas de stratégie en bonne et due forme pour faire des contacts avec les partenaires techniques et financiers afin de débloquer régulièrement les appuis promis, ce qui est un handicap. C’est pour cela même qu’on continue à observer une crise endémique au niveau des réserves de change au niveau de la Banque Centrale.
Pour ce qui est de l’investissement, un pays comme le Burundi qui a des difficultés économiques devrait augmenter substantiellement les fonds au niveau de l’investissement public, mobiliser l’investissement privé et l’investissement direct étranger. Nous constatons qu’il y a des problèmes ; par exemple ce projet de loi ne mentionne aucune recette minière. Est-ce à dire que le Gouvernement n’engagera aucune recette dans ce secteur ?
Au niveau de la culture du café, du coton et du thé la production a chuté mais les stratégies pour mobiliser autrement les appuis budgétaires ne sont pas encore là. Le problème des devises risque de continuer à devenir une hantise pour le Burundi.
Les priorités pour l’investissement sont l’eau, l’électricité, le carburant, les routes, la production agricole pour étancher l’inflation devenue obsessionnelle et les entreprises publiques qui s’abordent une à une.
Ce projet de loi n’augure rien de bon dans l’avenir du pays, c’est pour cela que les autorités du Ministère des Finances devraient expliquer d’avantage le contenu de ce projet ou voir comment opérer des modifications visibles pour que les projets des lois des finances soient des projets qui viennent à tirer les Burundais des affres de la pauvreté dans laquelle ils sont plongés.
Au moment où la pénurie du carburant est redevenue de plus en plus alarmante, encore une fois PARCEM donne son analyse et tire la sonnette d’alarme en invitant les autorités de prendre des mesures qui s’impose.
Les inquiétudes de PARCEM face à la crise du carburant
PARCEM voulait premièrement rappeler au Gouvernement qu’il ne faudrait plus faire des politiques de démagogie. En matière de gestion du pays, il y a deux indicateurs clés qui prouvent la force économique d’un pays :
- Le niveau de réserves de change
- Le niveau de mois de stockage de carburant
Actuellement, on a une situation déplorable avec les réserves de change d’importation d’un mois même parfois deux semaines, pour ce qui est du stock de carburant on a pas même une semaine alors que dans le temps le Burundi avait au moins 6 mois de réserves de change d’importation et 6 mois de stock de carburant. Chaque pays au monde doit contrôler ces deux indicateurs. En dessous de 3 mois à l’époque c’était une alarme mais aujourd’hui on s’en accommode.
Deuxièmement, PARCEM trouve qu’il y a une mauvaise gestion des devises accompagnée par une corruption légendaire. Il y a également un mauvais circuit d’approvisionnement. Normalement un bon circuit d’approvisionnement doit impliquer les acteurs privés capables et ayant une logistique nécessaire, mais l’Etat veut se substituer aux privés pour importer lui-même le carburant. C’est impassable, il n’y a aucun autre pays au monde où l’Etat importe le carburant. Cela étant ainsi alors que la corruption a gangréné tous les secteurs de la vie nationale.
On continue à parler des opérateurs économiques qui bénéficient des devises pour importer le carburant mais qui ne le font pas. Pourtant on ne les épingler pas, on ne dit pas même leurs noms, ils ne sont pas poursuivis, cela montre que c’est une supercherie. Il faut arrêter ces démagogies en matière de la gestion de la chose publique.
Les mesures qui sont prises ne sont pas adéquates parce que les deux grands maux dont souffre le Burundi actuellement sont la corruption qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale et érode les institutions de l’Etat et le leadership qui a perdu complétement le sens de l’Etat. Un pays gangréné par les deux maux se meurt progressivement. Il est temps de rectifier le tir pour que la situation ne se détériore pas à une ampleur inimaginable.
Les Recommandations de PARCEM
Face à cette situation PARCEM estime que le problème est systémique, il faut des mesures fortes notamment la lutte contre la corruption et les malversations économiques pour restaurer la confiance des partenaires.
Il faut asseoir en bonne et due forme une stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Pour mieux gérer les devises, il faudrait que la BRB soit encore sous la tutelle du Ministère des Finances pour sa gestion. Les supérieurs hiérarchiques en l’occurrence la Primature et la Présidence ne devraient en assurer que le contrôle.
Dans chaque système de gestion, il faut un gestionnaire mais aussi il faut un contrôleur. La BRB devrait alors édicte des règles de gestion transparentes, commanditer des études régulières, sortir des rapports hebdomadaires et mensuels sur l’utilisation des devises.
Il faut aussi réorganiser le circuit d’approvisionnement et implique les privés en les rendant concurrentiels. Aujourd’hui on parle même de la corruption au niveau des stations qui bénéficient de l’essence plus que d’autres, cela montre que la situation devient de plus en plus alarmante.
Comme le problème est systémique et comme le leadership a déjà perdu son sens de l’Etat, le Président de la République devrait alors en tant qu’autorité suprême limoger le Gouvernement actuel car ce dernier est dans l’incapacité de nous tire des affres de cette situation, et ensuite nommer un nouveau Gouvernement compétent avec des missions claires.
Le Président de la République devrait donner un soutien politique et des moyens humains et matériels pour permettre au Gouvernement d’orienter le pays vers une voie salvatrice. Le Gouvernement devrait alors créer un cadre qui permettrait aux intellectuels et les experts de contribuer à la conception d’une feuille de route pour sauver le pays.
- PARCEM tire la sonnette d’alarme sur le problème de changement climatique.
- La BRB devrait prioriser l’importation des produits stratégiques comme le carburant
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