
Hausse du prix du café : saluée mais encore incomplète sans mesures d'accompagement
Le Conseil des Ministres du 07/05/2025 a décidé d’augmenter le prix du café cerise passant de 1 420 BIF/kg à 2 800 BIF/kg. Pour ce, PARCEM a sorti une analyse par rapport à hausse du prix du café.
L’importance de la culture du café
PARCEM salue cette décision d’augmentation du prix du café tout en précisant que cette dernière nécessite des mesures d’accompagnement. La culture du café est d’une importance capitale dans la vie de notre nation car :
- Elle génère des devises dont le pays est en manque actuellement, ce qui handicape les activités économiques notamment l’import-export et la construction des infrastructures de base.
- Elle génère des revenus pour les agriculteurs, ce qui contribue énormément dans le cadre de lutte contre la pauvreté.
Pour que la culture du café puisse donner des résultats concrets au niveau de la production et des revenus des caféiculteurs, il faut augmenter la production et la capacité de vente à l’extérieur.
L’état des Lieux de la culture du café au Burundi
Actuellement, si on analyse l’état des lieux on constate une chute vertigineuse au niveau de la production et une faible capacité de vendre. On a enregistré une mévente d’un stock colossale au niveau de l’ODECA. C’est pour cela même qu’au niveau des résultats des devises engrangés, on constate que des produits comme la cigarette et la farine commencent à dépasser le café, par exemple dans un trimestre on peut avoir 50 milliards de fbu d’exportation de la farine et les cigarettes alors que le café a généré 30 milliards de fbu.
Dans ces conditions, on pourrait dire que l’augmentation du prix du café est un facteur de l’augmentation de la production car elle va stimuler le producteur qui a longtemps réclamé cette dernière car le travail du café est très exigeant et prend beaucoup de temps, ce qui provoque des lamentations sur le fait que le prix du haricot peut être supérieur au prix du café alors que le café est vendu sur le marché international.
Recommandations de PARCEM
L’augmentation du prix du café ne suffit pas, il faut des mesures d’accompagnement. Au niveau de la production il faut reprendre les pratiques suivantes :
La campagne de fertilisation car elle vient de passer 5 ans sans être organisé régulièrement ; la disponibilisation des engrais appropriés ; la campagne de pulvérisation ; la campagne de mise en place des plans et le travail des moniteurs agricoles pour encadrer le travail des agriculteurs à la base.
Ce sont des bonnes pratiques mais qui ont été progressivement abandonné et qui causent un tort énorme au niveau de la production du café sans oublier la non maitrise de la croissance démographique qui provoque l’atomisation des terres agricoles et fait le lit de la concurrence entre les produits vivriers et les produits d’exportation en défaveur de ces derniers car l’agriculteur va favoriser les produits vivriers.
Au niveau de la vente, il faut :
- Supprimer la lourdeur administrative qui cause un grand retard dans l’exportation. La plus part des exportateurs se lamentent même les clients étrangers « les importateurs de l’extérieur » qui importent le café Burundais se plaignent du retard entre la commande et la livraison.
- Mettre en place un marketing offensif pour bien vendre le café sur le marché international avec des ressources humaines compétentes dans ce domaine.
- Un taux de change capable de couvrir les charges actuelles qui vont augmenter au niveau des exportateurs. Le taux de change 2900 sera-t-il capable de couvrir un prix qui vient de doubler ? Même en 2023, l’augmentation du prix du café avait eu comme facilité la dévaluation de la monnaie Burundaise car l’augmentation du prix du café est au niveau des francs Burundais. L’exportateur va-t-il garder les mêmes recettes en francs Burundais ? Les Banques sont-elles préparées pour disponibiliser le crédit à l’exportation ? Si le prix a augmenté du simple au double cela veut dire que le crédit à l’exportation va doubler pour couvrir les paiements en qualité et en quantité à temps.
- Améliorer la capacité institutionnelle actuelle de l’ODECA qui est mise en cause. La commission Présidentielle mise sur pied par le Président de la République a-t-il des compétences et l’expérience nécessaires dans ce domaine ? Ou bien ce sont des mesures politiques qui sont prises dénuées de toute expertise nécessaire dans ce domaine ?
- Un dialogue entre les exportateurs, les privés et l’Etat car ce dernier a toujours tendance à prendre des mesures, à faire cavalier seul dans un secteur où il pourrait fédérer des contributions des uns et des autres pour prendre des solutions idoines équilibrées au lieu de faire cavalier seul et prendre des mesures et des solutions bancales.