Economies

Projets d’infrastructures : l’État en retrait, les bailleurs en renfort

La loi des Finances 2024-2025 vient de prendre fin avec la promulgation par le Chef de l’Etat de la nouvelle loi des Finances 2025-2026. Pour ce, PARCEM a voulu faire une analyse sur l’exécution budgétaire de la loi des Finances 2024-2025 au niveau des Infrastructures.

 

Au niveau de l’exécution budgétaire de la loi des Finances 2024-2025, surtout en matière de la réalisation des infrastructures, on constate d’abord 3 choses à savoir :

  • Un taux faible de réalisation de ces infrastructures, presque moins de 30% annuellement depuis une certaine période.
  • Le taux d’endettement continu à exposer alors que l’investissement tarit, c’est un problème car le pays continu à s’endetter alors que l’investissement ne suit pas. On constate que même le remboursement de la dette va peser lourdement sur le budget.
  • La croissance économique ne pourra pas être soutenue sans consacrer des fonds suffisants dans l’investissement des infrastructures pour la soutenir. Nous avons un taux de croissance faible englouti par l’inflation de 30% et le taux de croissance de la population, maintenant on constate une paupérisation progressive de la population suite au taux faible de croissance et l’inflation.

 

Les raisons qui sont à la base de tout cela sont :

  • Le niveau des priorités budgétaires et de l’allocation des crédits dans le secteur de la construction des infrastructures.
  • Si on analyse par exemple le budget consacré au Ministères des Infrastructures, on constate que sur un budget de 354 milliards, 90% est finance par l’extérieur ce qui veut dire que le financement sur les fonds propres du Gouvernement n’est qu’à hauteur de 10%. C’est la même chose au niveau du Ministère de l’Energie et Mines sur un budget total de 379 milliards, seul 10% de l’investissement est financé par les fonds propres du Gouvernement, 90% est financé par l’extérieur. Là où le bât blesse est qu’au moment de la récente révision budgétaire, on  a constaté que 80% des crédits alloués dans ces Ministères ont été annulés, c’est-à-dire que les fonds du Gouvernement prévus pour financer ces infrastructures ont été annulés à plus de 50%. Les 10% consacrés ont été annulés à moitié.

 

Les raisons qui sont derrière cette annulation sont :

  • Le tarissement de déblocage des appuis des bailleurs de fonds à presque 60% ;
  • La collecte des recettes fiscales a été entravée par 4 éléments essentiels à savoir :
  • La diminution des taxes sur le commerce des biens et des services suite à la rareté de certains produits comme les boissons de la BRARUDI.
  • La baisse des droits de douane suite à un tarissement des devises pour financer les importations.
  • La chute des dividendes des entreprises publiques, ces dernières éprouvent des difficultés de gestion au lieu d’octroyer des dividendes au Gouvernement, c’est ce dernier qui continue à les subventionner pour les sauver.
  • L’absence des recettes minières qui sont presque invisibles, le détournement des recettes minières est une réalité que nous vivons actuellement.

 

Comme solutions PARCEM recommande :

  • Une amélioration au niveau des priorités budgétaires en consacrant un montant suffisant à l’investissement pour soutenir la croissance économique et intériorise ce principe.
  • Une stratégie de mobilisation des financements à travers la coopération, il ne faut plus verser dans des réflexions insensés en disant que le Burundi s’auto suffit au niveau de la construction des infrastructures. Même JII-MULEMBWE qui vient de terminer est le fruit par excellence de la coopération internationale, c’est la BAD, BM et l’UE, qui ont en grande partie contribué pour financer la construction cette infrastructure qui va nous aider au niveau de l’augmentation de la capacité de production d’énergie électrique.
  • Une amélioration des bases juridiques du partenariat Public-Privé à travers les investissements direct étrangers car dans d’autres pays ce dernier contribue grandement dans le financement des infrastructures.
  • La création d’un environnement macro-économique crédible pour pouvoir accéder au financement à travers les emprunts comme d’autres pays. La Société de Financement International (SFI) contribue à financer les infrastructures dans les pays Africains qui ont besoins des fonds pour construire des infrastructures de grande taille.
  • L’organisation du pays sur le chemin de la croissance et la promotion de la crédibilité des investisseurs et des bailleurs de fonds dans le cadre des emprunts afin d’accéder sur le marché des emprunts comme d’autres pays.
  • La lutte contre la corruption pour ne pas retarder la construction des infrastructures suite à la mauvaise gestion des passations des marchés publics, par exemple le barrage JIJ-MULEMBWE a été construite sur une période de plus de 15ans alors qu’un barrage ne peut pas dépasser 4ans ou 5ans.

Autant d’éléments sur lesquels, il faut agir pour améliorer la construction des infrastructures dans un sens de promouvoir l’investissement pour soutenir la croissance économique que le pays a besoin pour sortir  de la pauvreté.