
Marché central de Bujumbura : Est-ce que la capacité financière et technique de l’entreprise a été bien étudiée ?
Depuis un certain temps, le Gouvernement du Burundi a entrepris à travers un partenariat public-privé la reconstruction de l’ancien marché central de Bujumbura. C’est dans ce contexte que PARCEM sort en cette date du 10 février 2024 son analyse sur la reconstruction de cet ancien marché central.
L’importance du partenariat public-privé
PARCEM constate que le Gouvernement veut reconstruire l’ancien marché central en passant par le canal du partenariat public-privé, mais de façon globale cette reconstruction est en train d’être faite dans l’opacité.
Normalement le partenariat public-privé est une solution pour plusieurs Gouvernements qui cherchent à financer les grandes infrastructures pour le besoin de leurs populations et soutenir le développement économique car beaucoup d’infrastructures exigent des coûts extrêmement élevés.
Les avantages du partenariat public-privé sont importants mais il convient de bien définir et de respecter le rôle de chaque acteur. Il y a plusieurs modèles d’accords différents mais qui sont extrêmement complexes dont la réussite suppose des compétences de deux côtés. Il y a des cas de monopole mais qui exigent la régulation, des cas de concurrence qui exigent des compétences et expériences avérées car ces derniers comportent des risques juridiques qui doivent être distribués convenablement.
Dans la stratégie nationale de coopération, le Gouvernement s’est engagé à utiliser le partenariat public-privé pour la mobilisation des fonds afin de financer les infrastructures, ce dernier reconnait que ce partenariat comporte des risques qui quand ils sont mal gérés, ils génèrent des conflits entre les partis prenantes. Le Gouvernement s’est engagé à mettre sur pied un dispositif juridique et institutionnel solide pour rassurer les parties prenantes.
L’Opacité dans le partenariat public-privé de la reconstruction de l’ancien marché central
Si on analyse le partenariat public-privé qui régit les parties prenantes dans cette reconstruction, on constate qu’il y a beaucoup de lacunes. Le cadre juridique et institutionnel promis par le Gouvernement n’est pas encore bien opérationnel. L’expertise avérée n’est pas encore préparée du côté Gouvernemental et ce dernier n’a pas encore fait une évaluation préliminaire pour évaluer l’éventuel coût de l’infrastructure.
Les termes du contrat, le coût de l’infrastructure, les modalités de remboursements, les délais d’exploitation par l’autre partie prenante, le délai de construction ; tous ces éléments sont au stade des négociations mais paradoxalement on veut commencer la reconstruction de ce marché.
Si c’est un monopole dans lequel l’Etat s’engage, quel est la capacité de régulation ? Pourquoi l’Etat n’a pas fait jouer la concurrence par un appel d’offre en bonne et due forme ? Est-ce que la capacité financière et technique de l’entreprise a été bien étudiée ?
Le Gouvernement devrait faire preuve de transparence en respectant les normes fondamentales afin d’éviter des conflits éventuels. Les Gouvernements changent et quand il n’y a pas un cadre juridique solide et institutionnel, les risques de conflits sont élevés ce qui conduit à l’échec de l’aboutissement du projet.
Pour ce cas de figure, il faut même une expertise étrangère et se référer sur les cas de réussite à l’extérieur pour qu’on ne s’aventure pas car si on analyse la situation on dirait qu’on veut le faire en sautant dans l’inconnue.