La lutte contre la corruption: Quelle stratégie à adopter?
Au moment où la transparence internationale vient de sortir son rapport sur l’indice de perception de la corruption 2023 qui place le Burundi à la 162ème place/180 au niveau du monde et 5ème place/7 au niveau de l’EAC, PARCEM voudrait s’exprimer sur les actions à mener.
PARCEM trouve que dans un pays, la corruption se compare à une guerre qu’il faut combattre avec des armes suffisantes, avec des actions concrètes et des plans de guerre pour la combattre Ainsi.
Cadres, institutions et actions de préventions
En matière de la corruption, le plan de guerre c’est une stratégie nationale de lutte contre la corruption bien élaborée pour guider la lutte contre la corruption dans un pays et pour déterminer le rôle de chaque partenaire dans cette lutte. Les armes sont entre autre la loi, les institutions fortes et indépendantes avec des actions de prévention dans les différents secteurs de la vie nationale :
- Le Plan national de lutte contre la corruption: En 2015, le Burundi a introduit une stratégie nationale de lutte contre la corruption qui depuis lors n’a pas été ravivée pour éclairer les différents acteurs nationaux dans cette lutte.
- Le Cadre légal de lutte contre la corruption : Le cadre légal de lutte contre la corruption « loi de lutte contre la corruption » reste toujours lacunaire et ignoré pour ne pas briser les délits et les infractions connexes à la corruption « détournement, concussion, blanchiment, l’abus des biens sociaux, le favoritisme dans les marchés publics par exemple» sombrent toujours dans l’ignorance si l’on analyse les comportements de différents cadres de l’Etat.
- Le Cadre institutionnel de lutte contre la corruption : La Cour des comptes, l’Inspection Général de l’Etat, les différentes inspections ministérielles n’ont pas assez de force pour frapper fort ce fléau. Ils ne jouissent pas de l’indépendance, des moyens financiers, matériels et humains suffisants, ce qui altère le résultat de leur travail.
La justice qui devrait réprimer la corruption et ses infractions connexes connait une indépendance hypothétique. La magistrature use de son indépendance pour traiter, sauf dans quelques cas, des affaires civiles entre citoyens mais il nous faut une justice complètement indépendante pour aussi bien frapper les corrupteurs et les actions de corruption dans l’administration même à l’échelon le plus élevé. Il est à signaler que même la haute cour de justice n’a pas jusqu’aujourd’hui une loi organique qui le met en place.
Tout ce qui précède relève une lacune au niveau du fonctionnement institutionnel. La justice ne peut pas arriver à réprimer la corruption sans institutions spécialisées en l’occurrence la brigade spéciale anticorruption, la cour anticorruption ; les parquets, … qui n’ont pas aujourd’hui suffisamment de forces, il y avait même eu une tentative de les supprimer. Or l’existence et la spécialisation de ces institutions renforce l’action de la justice.
Actions de prévention
- Actuellement la déclaration des biens, la gestion des incompatibilités et des conflits d’intérêts, l’accès à l’information dans l’administration publique, la transparence et le contrôle dans la gestion budgétaire, la dénonciation, l’investigation journalistique, l’existence d’un réseau des lanceurs d’alerte manquent ou ne sont pas respectés alors que ce sont des piliers fondamentaux dans la lutte contre la corruption.
- PARCEM s’imagine qu’il faut aujourd’hui faire une introspection pour voir comment ranimer tous ces instruments de lutte contre la corruption « cadre légal adapté aux standards internationaux, cadre institutionnel, actions de prévention, sensibilisation citoyenne dans l’administration pour que ces actions de prévention soient mis à l’honneur, déclaration des biens par les dignitaires, gestion des incompatibilités et conflits d’intérêt, transparence dans l’administration, dénonciation, lanceurs d’alerte, volonté politique au plus haut sommet ».
- Il ne faut pas uniquement s’acharner à la poursuite des seconds couteaux pour lutter contre la corruption. Par exemple la justice reste les yeux fermés sur les cas de détournement concernant le barrage de Mpanda, sur la mauvaise gestion au sein du ministère des finances et sur la gestion des devises à la BRB. Il faut vraiment de la sagacité et de la volonté pour que cette situation change.