Economies

Pénurie des dévises : Sont-ils les problèmes qui hantent le Burundi sans solutions ?

En date du 08/05/2024, PARCEM a animé une conférence de presse à l’endroit des journalistes. Dans cette conférence de presse, le Directeur National de PARCEM a présenté la contribution de PARCEM par rapport aux solutions face à la situation de rareté des devises qui est en train de causer un tort énorme au niveau de la disponibilité des produits de première nécessité en l’occurrence le carburant et cela après le discours du Chef du Gouvernement qui a indiqué que son Gouvernement n’a pas de solutions immédiates par rapport à cette situation.

 

Les éventuelles solutions à la situation actuelle

Pour PARCEM, des solutions existent parceque ce n’est pas le seul Burundi parmi les 195 pays du monde qui doit rester dans situation ci-haut décrite.

Pour diriger le Burundi, il faut d’abord comprendre sa situation. Comment a-t-il vécu ? Comment vit-il actuellement ? à quels défis fait-il face ? en fait, si vous dirigez un pays pauvre comme le Burundi les défis à relever ne sont pas les mêmes que ceux à relever si vous dirigez un pays riche comme les Etats-Unis d’Amérique

 

Le Burundi est un pays pauvre qui a ses défis : sa balance commerciale a toujours été déficitaire et ce n’est pas pour demain que cette tendance va changer, c’est une situation structurelle. Le taux de couverture des importations par les exportations n’a jamais dépassé 20% au Burundi. Même si les pays voisins qui nous entourent   n’ont pas de balance commerciale excédentaire ou équilibrée, ils ne sont pas dans des difficultés énormes comme les nôtres.

 

Il nous faut aussi comprendre l’ordre économique mondial : comment est-il aujourd’hui ? Par exemple s’il faut tabler sur l’exportation du café, il faut comprendre que ce n’est pas le Burundi qui fixe le cours mondial de son prix.  On peut même enregistrer une surproduction du café mais le lendemain le cours du café peut chuter et dans ce cas on n’aura pas des devises nécessaires comme on le voudrait.

 

S’il y a d’autres canaux comme par exemple l’aide publique au développement, il faut nous rappeler qu’il y a eu par exemple la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide publique au développement avec cinq principes :

  • L’appropriation ;
  • L’alignement ;
  • L’harmonisation ;
  • La gestion axée sur les résultats ;
  • La responsabilité mutuelle.

 

Malheureusement le Burundi qui a souscrit à ces principes n’a rien fait pour collaborer avec les donateurs à travers ces principes alors que d’autres pays qui l’ont fait sont en avance. Il faut contact les pays amis au niveau bilatéral et multilatéral.

 

La Banque Mondiale quant à elle insiste sur le taux d’absorption et a trouvé qu’elle donnait au Burundi des financements qu’il n’arrivait pas à utiliser totalement.

 

Il existe des fonds spéciaux comme le fond Africain du pétrole et le fond vert pour le climat qui pourraient aider le pays à disponibiliser des fonds. Mais pour mériter ces derniers, il faut une diplomatie offensive avec des hommes et des femmes capables, professionnels qui savent faire des contacts et des lobbyings.

 

Le Burundi n’arrive pas à clore même le chapitre de 2015. Par exemple, le Premier Ministre a récemment indiqué que la situation actuelle trouve ses raisons profondes dans la crise de 2015 alors qu’Il n’y a aucun avantage de continuer à le perpétrer.  Il adapter le langage diplomatique et courtois au contexte actuelle car comme nous sommes pauvres, nous avons besoin des appuis.

 

Le Burundi trouverait avantage de renouer avec le forum politique et stratégique c’est-à-dire le groupe sectoriel qui aide à ce que les donateurs puissent continuer à suivre l’état de l’exécution des financements.  C’est l’un des cadres qui permettent aux donateurs de s’assurer du suivi de leurs financements accordés au pays et qui fait partie des conditionnalités en quelques sortes.

 

Il faut qu’il y ait une stratégie nationale de lutte contre la corruption pour crédibiliser la politique gouvernementale à ce niveau. Le Président crie toujours à la corruption et aux détournements qui ont atteint leur paroxysme, mais de toute façon il doit y avoir une solution à cela. Quelque part on perd 40 millions de$ et on continue de découvrir partout dans le pays des détournements mais rien n’est fait, aucune poursuite n’est engagée, aucune enquête.

 

Au niveau de l’emprunt, il y a des organisations comme la Banque Mondiale, la BAD (Banque Africaine de Développement) mais c’est regrettable que le Burundi est toujours limitativement éligible au guichet des dons alors que d’autres pays bénéficient des financements substantiels en milliards de dollars. Les autres pays font appel aux maisons de notation qui viennent analyser les réformes, la solidité de leur économie. Si on en est accordé une note suffisant, on est permis d’aller sur les marchés financiers à l’extérieur pour mobiliser de l’argent. Tous les pays de la sous-région le font.

 

Au niveau de l’environnement des affaires, plusieurs investisseurs vous diront qu’ils sont venus au Burundi avec des fonds mais qu’ils se sont confrontés sur place à des exigences subjectifs liés à la corruption pour enfin être contraints d’aller investir ailleurs.

 

Au niveau du tourisme, tous les pays de la sous-région mobilisent plus de 800 millions de $ provenant dudit secteur comme la Tanzanie et le Kenya qui en mobilisent plus d’un milliard de $. Le Burundi en mobilise moins de 10 000 millions USD.  Le secteur touristique a été négligé, il faut le redynamiser.

 

Au niveau de la mobilisation de la diaspora Burundaise, on doit passer par le renforcement de la cohésion entre Burundais. Des pays comme la Somalie enregistre actuellement 800 millions de $ provenant de la diaspora alors qu’au Burundi, on continue à être englué dans la crise de 2015 qui continue à dichotomiser la société Burundaise.

 

Au niveau des exportations il faut rectifier le tir car rien n’a été fait pour les encourager. Même si nous sommes membre des communautés comme l’Est African Community on continue d’augmenter les exportations au lieu d’augmenter les importations. Le Burundi n’a pas bénéficié des avantages de la part d’AGOA qui visent à éliminer les droits de douanes aux produits provenant de l’Afrique dans le but d’encourager les pays africains à exporter vers les Etats-Unis.

 

Au niveau de la gestion des devises, comme on a peu de devises il nous faut une gestion parcimonieuse et rigoureuse, la rigueur dans les importations et l’indépendance de la Banque centrale au niveau de la gestion des devises. La Banque Centrale devrait produire une étude de la gestion récente des devises, rappelons-nous qu’on a parlé des gens qui ont bénéficié des devises mais qui n’ont rien importé en contrepartie et le dossier y affèrent a été clôturé sans aucune poursuite judiciaire. 

 

Actuellement, il faut que la Banque Centrale produise un rapport hebdomadaire ou mensuel sur l’utilisation de peu de devises dont dispose le pays. Il faut aussi réduire les missions à l’étranger qui ne sont pas en train d’accoucher des résultats concrets comme dans le passé où les visites du Président dans les pays comme la France, l’Arabie Saoudite, l’Allemagne, la Chine, le Koweït ont parmi le démarrage de la télévision Nationale, la construction de l’hôtel Novotel, l’hôpital Roi Khaled, le barrage de Rwegura, le barrage de Mugere, Le complexe textile de Bujumbura et le démarrage des SRD.

 

Il faut un changement de paradigme au niveau de la gestion des devises avec le redémarrage des bureaux de change pour au moins galvaniser les devises qui entrent à travers les visites de la population des pays voisins. Cela pourrait faire qu’il y ait des devises qui entrent au pays et qui peuvent aider une partie de la population qui ne peut pas accéder à la Banque Centrale ou aux Banques commerciales pour avoir les devises. Il faut libéraliser pour permettre à ce que les visiteurs qui viennent au Burundi puissent laisser à travers leurs transactions leurs devises sur place en attendant que la Banque Centrale puisse renouer avec sa tradition d’approvisionner le secteur bancaire en devises pour assurer les importations nécessaires. Si le secteur bancaire engrange beaucoup de devises, tout le monde va se tourner vers ce dernier, la solution sera trouvée.

 

Les mesures drastiques qui sont prises ici et là et des fois maladroites depuis longtemps, n’ont rien changé au niveau des cours de change en devises. Il faut considérer les devises qui entrent de façon informelle mais qui sont en train d’aider le pays quant au niveau officiel, sinon il y a un sèchement de l’approvisionnement en devises. Le Gouvernement devrait avoir comment inverser la tendance en laissant les banques commerciales à mobiliser autant que faire se peut les devises étrangères.