L’ANAGESSA a déjà montré des failles
Après avoir constaté que le paiement des arriérés aux producteurs agricoles qui ont vendus leurs récoltes à l’ANAGESSA continue à enregistrer d’énormes retards, en date du 29 juillet 2024 PARCEM a sorti son analyse sur le fonctionnement de l’ANAGESSA.
Le contexte du fonctionnement de l’ANAGESSA
Pour PARCEM le contexte de fonctionnement de l’ANAGESSA est tout à fait difficile. En effet, jusqu’à maintenant au Burundi, il n’y a pas de statistiques fiables qui montrent l’état de la production annelle d’une telle ou telle autre denrée alimentaire ou qui évaluent les besoins de consommations alimentaires pour dire qu’il y a une surproduction ou un déficit.
Au moment des états généraux de l’Agriculture qui se sont tenus en 2016 / 2017, on avait eu à constater l’existence d’un déficit de la production alimentaire de 30% au Burundi. Donc, dire qu’il y a eu une surproduction cela veut dire que cette dernière est artificielle. Il faut tabler sur les statistiques.
Deuxièmement, il faut savoir que quand le producteur agricole parvient à dégager un surplus qu’il vend au marché, ce n’est pas à dire qu’il a eu une production extraordinaire. Le plus souvent, c’est plutôt qu’il a d’autres besoins incontournables notamment l’achat du sel ; l’envoie de son enfant à l’école ; faire soigner son enfant, … ces besoins doivent être satisfaits et dans la plupart des cas, il n’a pas d’autres marges de manœuvre que de vendre son surplus de production.
Au niveau de ses capacités techniques, organisationnelles et financières, L’ANAGESSA a déjà montré des failles. Par exemple, au niveau technique il y a eu une production qui a fini par pourrir. Au niveau financière, si on analyse la loi budgétaire. Exercice 2024-2025, on constate qu’il n’y a pas de budget doté à l’ANAGESSA pour qu’elle puisse acheter cette récolte. Le budget alloué à l’ANAGESSA est un budget de fonctionnement de quelques 300 millions de fbu or ce dernier ne suffise pas pour acheter une production agricole qui n’est pas évaluée au niveau des statistiques.
Les conséquences deviennent énormes avec une partie de la production qui a pourri, le retard dans le paiement et une faible commercialisation. C’est-à-dire que cette production n’entre pas dans le circuit monétaire afin d’alimenter les transactions. De plus, cette production n’entre pas dans la chaine des valeurs. Donc, C’est une production qui n’est même pas enregistrée dans la production intérieure brute (PIB).
Quand la production n’entre pas dans le circuit économique, il y a la corruption qui s’installe parce que beaucoup de cadres de l’Etat s’accaparent de cette production et font le commerce en lieu et place de la population. C’est une façon de tirer les ficelles de leur côté par rapport à l’organisation du mécanisme de gestion de l’ANAGESSA.
Les Recommandations de PARCEM
Si l’ANAGESSA devrait continuer, PARCEM recommande que :
Le producteur reste propriétaire de sa récolte.
Le producteur puisse vendre sa récolte au moment voulu.
Le service fondamental que l’ANAGESSA soit d’aider le producteur à conserver sa récolte de façon sécurisée dans des conditions qui évitent la pourriture de la récolte.
Que le monopole de l’ANAGESSA soit rompu. En effet, si le Gouvernement voudrait acheter cette production, il faut qu’elle entre en concurrence avec d’autres commerçants, et à aux producteurs de choisir qui en fait les frais. La concurrence inciterait l’ANAGESSA à s’arranger pour disponibiliser des services de qualité. Si non, quand on institue un monopole et qu’on ne parvient pas à rendre des services adéquats, c’est le citoyen qui en paie les frais.
PARCEM trouve que le Gouvernement devrait plutôt s’atteler aux missions suivantes :
Asseoir une bonne politique foncière ;
La disponibilisation des semences sélectionnées de qualité à un prix abordable ;
La disponibilisation des engrais à temps ;
L’encadrement agricole ;
La recherche au service de la production alimentaire ;
La facilitation de la mécanisation afin de moderniser le système de production agricole.
En accomplissant ses missions, le Gouvernement aura soutenu le producteur dans sa mission de disponibiliser l’offre alimentaire sur le marché mais le monopole doit disparaitre et l’ANAGESSA devrait entrer en concurrence avec d’autres commerçants.