Bonne gouvernance

ANAGESSA : à qui va-t-elle revendre la production qu’elle aura achetée ?

En date du 09/04/2024, le Premier Ministre a tenu une réunion avec les intervenants dans la campagne de l’achat de la récolte du maïs pour faire l’évaluation de ce travail et trouver des solutions aux défis éventuels. Pour ce, PARCEM a sorti une analyse sur cette campagne d’achat de la récolte du maïs.

 

L’état des lieux de la campagne d’achat de la récolte du maïs

 

PARCEM se pose une question fondamentale : « Quel est le bienfondé de l’ANAGESSA et sa valeur ajoutée ? «. En effet, il y’a beaucoup d’éléments qui ne sont pas clairs au niveau du fonctionnement et de l’objectif de la création de l’ANAGESSA. Est-ce que l’ANAGESSA est une entreprise publique ? dotée de quel budget ? de quel montant ?

 

C’est impassable que même le Gouvernement à travers l’ANAGESSA s’octroie le monopole d’achat sur toute l’étendue du territoire d’un produit vivrier comme le maïs et de surcroît le droit de fixer un prix en dehors du prix du marché fixé par la confrontation de l’offre et la demande en faisant même fi à la situation au prix des marchés des pays voisins qui produisent aussi du maïs.

 

Est-ce que l’ANAGESSA est une entreprise qui va enregistrer un profit ? pour en faire quoi ? va-t-elle paie l’impôt ? à qui va-t-elle revendre la production qu’elle aura achetée ? avec quelle marge bénéficiaire ? Pour le café, on peut dire qu’on achète à travers les SOGESTALs ou d’autres entreprises publiques dans le cadre de l’ODECA pour l’exporter à l’extérieur, mais pour l’ANAGESSA, va-t-elle vendre la production aux commerçants avec une certaine marge ? Et ces derniers pourront-ils indexer un autre coût aux consommateurs finaux qui sont en grande partie les paysans.

 

Si on analyse les capacités techniques de l’ANAGESSA, il y a un déficit au niveau des moyens dont elle dispose. On vient alors de voir des conséquences incalculables au niveau économique. Cette situation a bloqué la circulation monétaire avec toutes les conséquences fâcheuses de bloquer cette dernière dans un pays en limitant la vitesse de circulation de la monnaie, ce qui influe sur la transaction des biens et services, la pauvreté des gens en limitant les transactions de la monnaie, on limite le revenu des gens sans le savoir. Ce qui par ailleurs a provoqué l’incapacité de la population au niveau des moyens pour acheter les intrants et matériels agricole pour la saison culturale B en cours. 

 

Le Gouvernement aussi limite la perception des taxes et des impôts, on dirait que le Gouvernement est en train de scier l’arbre sur lequel il est assis. Maintenant, on vient de constater que cette situation de l’ANAGESSA pourra même faire augmenter l’inflation au niveau national car le prix qui a été fixé est en dehors du marché d’équilibre. S’il y a eu une surproduction suffisante du maïs, normalement il devrait y avoir de la valeur ajoutée au niveau des prix à la consommation, c’est ça le bien fondée de l’augmentation de la production et non pas la participation dans une spéculation.

 

Même au niveau institutionnel, du rôle des acteurs on constate que l’Etat est en train de déployer de l’énergie dans les missions qui ne sont pas les siennes, ce qui accroit l’opportunité de corruption parce que dans plusieurs contrées du pays, les administrateurs se sont érigés en premiers acheteurs de la production des paysans afin d’aller spéculer au niveau de l’ANAGESSA.

 

L’Etat devrait se focaliser plutôt sur ses vraies missions, si c’est dans le secteur agricole il faut plutôt :

 

  • Déployer de l’énergie dans la bonne gestion des terres ;
  • Disponibiliser les engrais et les semences sélectionnées,
  • Développer la recherche et l’encadrement agricole ;
  • Appuyer la mécanisation agricole ;
  • Asseoir une meilleure politique de gestion de changement climatique ;
  • Aménager les pistes rurales pour développer la transparence de l’espace économique permettant la circulation des biens et services ;
  • Trouver une solution à la question épineuse de rareté des produits de première nécessite comme le sucre et les devises.

 

Si le Gouvernement veut être vraiment efficace, il faut qu’il fasse les missions qui sont les siennes et non pas continuer à intervenir de façon intempestive dans des secteurs où il est moins efficace. Même si nous voulons tendre vers l’émergence en 2040 et 2060, PARCEM insiste qu’il faut une définition bien claire du rôle des acteurs. Le rôle de l’Etat qui est principalement basé sur ses missions régaliennes, le rôle du secteur privé, le rôle des institutions sociales.

 

Si le Gouvernement continue à intervenir intempestivement dans les missions où il est par essence même inefficace, la situation continuera à s’amplifier. Pour PARCEM, l’ANAGESSA est inopportune, il faut que l’Etat cesse ses actions inopportunes pour se consacrer à ses véritables missions pour appuyer l’économie.